Le palmarès des dix meilleurs crus bourgeois selon le Figaro

 Les  crus bourgeois reviennent de loin. Cette mention du Médoc, dans la région bordelaise, a failli disparaître. Mais elle résiste. Ni les coups de boutoir d’une Commission européenne réticente, ni les procès des producteurs mécontents du dernier classement de 2003 n’ont eu raison d’elle.

La notion de « cru bourgeois » remonte au Moyen Âge, lorsque les habitants du « bourg » de Bordeaux obtiennent une exonération pour le vin de leurs vignes. Les crus des bourgeois deviennent peu à peu des « crus bourgeois ». Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1855, un premier classement est élaboré. Un autre voit le jour en 1932 avec 444 références hiérarchisées en trois niveaux. La liste est remaniée plusieurs fois, mais sans aucune homologation.

Un classement officiel est enfin publié en 2003 avec 247 châteaux, pour 490 candidats. Hélas, il ne tient pas longtemps face aux procès intentés par les refusés. D’autant plus que onze membres de la commission de classement sur dix-neuf ont des crus à classer. Le conflit d’intérêt est patent. Le classement est annulé en 2007 avec, à la clé, la disparition pure et simple de la mention « crus bourgeois ».

Qualité garantie

Grâce à la ténacité de Thierry Gardinier du Château Phélan-Ségur, de nouvelles règles sont définies. Dorénavant, les crus sont labellisés par des commissions de dégustation strictement encadrées. Une première série de crus bourgeois nouvelle formule est labellisée dans le millésime 2008. Et une deuxième série pour le millésime 2009, avec 246 châteaux (sur 309 châteaux éligibles). Nous avons dégusté à l’aveugle les 177 crus disponibles à la vente.

Notons que la procédure de labellisation fonctionne bien. Ils sont tous dignes de porter le sticker de garantie de la qualité « cru bourgeois ». Deuxième constat : les châteaux présentent une large disparité de qualité. Ce n’est pas par hasard si, autrefois, les crus bourgeois étaient hiérarchisés en trois niveaux. À la dégustation, un nouvel ordre se dessine et bouscule le classement initial. Avec le génial millésime 2009, les dix ou vingt meilleurs sont largement au niveau des crus classés avec des prix qui, contrairement à ceux-ci, sont restés sages. Profitez-en !

Exceptionnels

– Médoc – Château Rollan De By : Autre abonné des coups d’éclat dans les dégustations à l’aveugle, Rollan de By a produit un vin dense, tannique, serré, un peu austère aujourd’hui, les tannins sont fermes, il est médoc en diable mâtiné d’un beau boisé. Un vin très réussi, de grande garde, qui prendra son envol avec quelques années de cave.

– Médoc – Château Les Grands Chênes : Ce vin splendide qui a déjà défrayé plusieurs fois la chronique en triomphant de crus bien plus célèbres est dense, tannique, serré, long, concentré, austère, de longue garde, superbe de précision. Il est à nouveau parti pour battre les plus grands à l’aveugle. Donnez-lui quelques années de garde.

– Haut-Médoc – Château D’Agassac : D’une réussite exemplaire depuis une bonne dizaine d’années, d’Agassac a frappé un grand coup avec un vin d’une robe superbe, des arômes de bon aloi avec une bouche toute en élégance, presque aérienne, toute en longueur. L’antithèse du bordeaux lourd, un petit miracle de grâce.

– Haut-Médoc -Château Bel-Orme-Tronquoy-Delalande : Anne-Françoise et Jean-Philippe Quié se sont beaucoup investis dans le redressement des vignobles familiaux. Ils trouvent la juste récompense de tous leurs efforts : ample avec de superbes de notes de mûres et de boisé, le vin se présente avec de beaux tannins fins et une finale superbe, très élégante. Un vin de belle garde. Le plus grand depuis des lustres.

Grandes Réussites

– Médoc – Château Patache D’aux : Patache d’Aux jouit d’une belle réputation, mais il avait un peu disparu du cœur des amateurs. Sous la gestion rigoureuse de Jean-Michel Lapalu, le cru remonte peu à peu dans les estimes. Le 2009 marque un véritable tournant avec un vin superbe, concentré, long, racé, joliment boisé. Une grande réussite.

– Haut-Médoc – Château Tour-Du-Roc : Cette sage propriété familiale est située à quelques kilomètres de Margaux et fait la part égale entre cabernet-sauvignon et merlot. Le millésime 2009 a engendré un vin dense et serré, d’une belle longueur, les tannins sont fins, la finale superbe dans un style resserré. Le rapport qualité-prix est exceptionnel.

– Médoc – Château La Grange De Bessan : Les vignobles Lacombe trouvent enfin la juste récompense de tous les investissements vers la qualité avec une traçabilité totale du cep à la bouteille. Le vin est dense, boisé, long, charmant avec ses notes de clou de girofle, le tout est de belle longueur, certes un peu aguicheur, mais avec de la classe. Quant au prix, c’est un cadeau.

– Margaux – Château Paveil De Luze : Autre margaux très réussi, Paveil de Luze est revenu au sommet depuis plusieurs années. Le 2009 est dense, frais et tannique, d’une construction rigoureuse. Le grand charme margalais se développera avec quelques années de bouteille. Son propriétaire, accessoirement président des crus bourgeois, montre un bel exemple.

– Margaux – Château La Tour De Mons : Qui a dit que les margaux sont trop chers ? Voilà le prototype du beau margaux au prix très contenu qui ne fait pas de compromis sur la qualité : de bonne densité et tannique, certes avec des tannins sérieux, mais doté d’une grande matière, il gagnera beaucoup avec quelques années de garde et damera bien des crus plus huppés de la commune.

– Haut-Médoc – Château De Gironville : Trop tôt disparu, Vincent Mulliez laisse un émouvant témoignage avec un vin dense, boisé, marqué de superbes arômes très clous de girofle et surtout un volume hors du commun qui propulse une finale splendide. Déjà très accessible, le vin est parti pour une belle carrière.

Source: le Figaro

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Thomas M
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